Cape Town
Ce soir la lune est pleine et le vent hurle
La ville tremble comme une gaufrette et se rend à ses coups de boutoirs
Le vent se raconte des histoires à travers les ruelles noires
A la faveur de l’obscurité il siffle des comptines indiscrètes
Dans les impasses éteintes sur la pente de la montagne,
se faufile telle une patte de velours
Oiseau de nuit, reflet du Jour
Furieux, il soulève des pirouettes de poussière
et bat sa coulpe sur les cœurs refroidis
s’engouffre en marmonnant d’anciens reproches jamais dits
Il est de ces liturgies archaïques dont le vent ce soir nous rebat les oreilles
Anecdotes ancestrales
Non-dits
Secrets d’alcôve
Trahisons
Renoncements
Répétitions
Enlacements
Histoires dites et redites
Et pourtant jamais comprises
Des claquements des sifflements des grincements
La maison grogne comme une vieille coque
Ayant connu tous les départs glorieux
et les retours émaciés de ceux
qui ont connu et aimé la mer
Grimace burinée
L’amour vrai naît dans la Nature
Même dans ces caresses sauvages
Le vent se donne en amant fougueux
Abandons désordonnés
Et tandis que je ressens ses plus petits baisers
mon cœur palpite de façon inavouée
Le vent se faufile et l’Amour est là
Prendre même ce qui ne s’offre pas
La trêve se prolonge…
Et soudain se dessine
une nouvelle attaque
Le vent moqueur persifle et signe,
reprend son œuvre d’usure,
ses assauts incessants
sur la ville qui répond en gémissant
La Ville est parcourue de longs frissons savonneux
comme une bête qui courbe l’échine
C’est dans l’amour de Tout qu’est la solution
Aimer ses trahisons
Aimer ses blessures et ses déceptions
Aimer aimer toujours
Je t’aime ô ma douleur
Je t’aime et te chéris et te ramasse à la petite cuillère
Le vent qui soulève les rideaux
ce soir n’en dit pas moins
Sagesse et compassion,
se mettre à l’écoute du monde
(c) DM