La nuit souffle fort ce que les hommes pensent tout bas
La nuit désespère de voir jamais le jour
La nuit se répand en mille bruissements,
mille symphonies, milles voix inconnues
La nuit sème le doute et récolte les promesses
La nuit se dit qu’un jour
elle étreindra sa propre incandescence
faisant boire les femmes, les hommes,
au liquide nacré de sa sainte opulence
Elle se consumera,
traînard attardé qui s’éloigne en dansant,
tirant avec lui les fils du dernier mirage
Elle fermera les yeux ; elle oubliera les cieux
elle oubliera les temps où elle était aux dieux
ce que les dieux sont aux humains
Elle se fera belle comme le jour,
ourlée de luminosité ardente
embrassant la lune et tous ses trésors
Elle ira par les jardins,
pénètrera les failles des murs écorchés,
soupirera dans les creux aux soleils inondés
Par des voies alambiquées, elle se glissera
partout où veut germer la graine
Elle ouvrira des cœurs
et fermera des comptes
Elle verra dans les yeux de ceux qui la vénèrent
un reflet mordoré
qu’elle n’ira point mendier
Elle se rendra,
elle baissera les armes
et ses bras deviendront
fleuves de sel
et bouquets
La nuit se fera belle et deviendra Jour.
(c) DM