Lisez en écoutant :
Balbutiements de la lune
aigre cri de la mouette
flux et reflux du temps perdu
temps présent sur la corde raide
le monde s’effondre et se déglingue
reflets nacrés sur le mazout
à coeur vaillant rien d’impossible
(c) DM 2023
Lisez en écoutant :
Balbutiements de la lune
aigre cri de la mouette
flux et reflux du temps perdu
temps présent sur la corde raide
le monde s’effondre et se déglingue
reflets nacrés sur le mazout
à coeur vaillant rien d’impossible
(c) DM 2023
Ferme tes yeux, tes oreilles aux horreurs du monde
plonge en-dedans
regarde la merveille qu’est la vie en toi …
respire, respire, respire,
ne te laisse pas abattre
la seule chose qui compte
c’est l’étincelle en toi
qui vit, qui brille, qui rayonne
et qui porte en elle
le germe d’un monde futur,
d’un monde meilleur
Fais grandir cette graine,
jour après jour,
patience dans l’azur …
arrose-la, nourris-la, parle-lui tendrement,
donne lui de l’amour,
assure-toi qu’elle n’a pas froid
ni trop chaud, ni trop au sec
prends soin d’elle comme un nouveau-né
fragile et tout plein de l’espérance qu’il porte
Ecoute cette petite voix discrète en toi
celle qui te dit de ne pas baisser les bras
celle qui te donne la force
de sourire et de chanter, encore …
Qui est chaleur, qui est lumière
cette petite flamme au fond de ton coeur
qui se redresse après chaque tempête
Il n’y a que l’instant qui compte
et en lui réside le pouvoir de l’atome
celui de faire tout imploser
et changer la façon dont est conduit le monde
Ecoute cette petite voix,
pardonne, rayonne, rassemble tes souvenirs
Fais de ta vie une danse
gère tes échecs, tes déprimes
réjouis toi de tes succès
brille de ton feu sans vouloir écraser quiconque
respecte la voix de chacun
et son apport au monde
assume et continue ta route
le regard droit
la démarche sûre
l’aura d’amour qui te protège autour de toi
chaque instant est précieux
et porte en lui le germe d’un avenir radieux
Tu as le choix d’être heureux
Virevolte
Révolte qui sourd
grondement des vieux loups dans la forêt profonde
familière et féconde
qui nous ensemence et nous nourrit
Humus des années passées à comprendre, à grandir
Craquement sec dans la nuit épaisse
une branche enfin prête à céder sous nos pas
après des années de décomposition
la face de l’ombre
plonge son regard
en nous
fait volte-face
et libère la clarté qui dérange
Virevolte
Au goût amer des feuilles mortes
se mélangent les sucs des insectes qui grignotent
écorces, brindilles, pousses tout justes sorties
et les sables éphémères, en volutes émouvantes
se rappellent à notre conscience ensauvagée
en tempêtes
tourbillonnantes
de spirales enfumées
Lames de fond sur le gouffre de l’âme
qui cinglent tout sur leur passage
Virevolte
Tout revient tournoyer autour de nous
en longs lambeaux effilochés
à moitié digéré, à moitié consommé
tout revient nous obséder
demander son compte
travailler notre naïveté
en saccades obscures
cycles absurdes dont nous peinons à sortir
et tout tourne sans cesse
en vagues déferlantes
qui nous hypnotisent et nous hantent
Virevolte
Tout autour de nous n’est que pensées, émotions élaborées
émanant du monde subtil
Toute forme autour de nous s’estompe
des ombres se redressent et viennent réclamer leur dû
raclant le sol et rechignant à évoluer
avant de retourner en poussière
tout n’est que spirale du vivant
apparu, transformé, disparu
Virevolte
Tout autour de nous vibre et se dilue
comme des lucioles
dans l’air qui sature et étincelle
Tout n’est qu’Amour et confusion
Tout n’est que Paix et illusion
(c) DM
Les nuages se clairsèment et le ciel réapparaît
Un instant il est bleu,
l’instant d’après blanc comme le lait
Une goutte tournoie dans un éclair de vent
J’observe ma voix qui la suit en dansant
Un carré de TGV où 4 femmes se lisent
et se répondent dans le silence de leurs vies en filigrane
des regards noisette, bleus ou soubise…
qui s’éclairent quand le soleil s’invite
se font et se défont
se croisent et se décroisent
dans un soupir retenu qui plane
sur leurs lèvres sans jamais éclore complètement
Baisers d’hiver qui brisent leurs chaînes et jamais ne désespèrent de trouver une joue sur laquelle se poser
La vie a des surprises qui nous ramènent sans détour au flot du jour
La vie a de ces détours qui nous prennent par surprise la douceur peut entrer par chaque pore au moment où on s’y attend le moins
La vie a de ces pauses cacahuètes qui sonnent comme un clairon lorsque notre cœur est ouvert à la fête
Mon cœur a la fragilité d’une fleurette frémissant dans les pétales du vent
un jour le vent d’ouest le retourne une autre fois c’est le vent du nord froid et distant qui le saisit vent du sud et il chante des flamencos vent d’est il rentre dans son for intérieur pour explorer ses grandes steppes
(c) DM
C’est une large vallée entourée de falaises
ocres, rouges, chocolat
et ombragée d’oliviers
une rivière la traverse
au couchant
les roches s’empourprent de rouge flamboyant
chocolat, cannelle, orange,
rochers de pierre tendre,
façonnés par le vent, la foudre, le gel, le soleil et l’eau
sable blond
où crapahutent léopards, babouins et marmottes
lézards, petites antilopes
où le jour s’écrase en une chaleur tournante
comme dans un fourneau
rochers pulvérisés
chaleur dense rivière cascades et piscines enrochées
vent éclair orage tourbillonnant
horizon tournoyant
le cœur de la terre qui pulse
vallées fertiles et roches desséchées
atomisées sous l’effet du soleil
où alternent
canicules et inondations
où poussent les citrons les mangues les abricots les amandiers et les olives
falaises déchiquetées
buissons piquants aux senteurs acides
herbes citronnées et amères
arbustes aux odeurs de terre
étoiles explosées comme des diamants
nuit pure, vénus incandescente
ciel abondant en légendes anciennes
terre ancestrale des bushmen
peintures évoquant les transes chamaniques
invocation à l’esprit de l’éléphant
pour guérir le monde
les feuilles chantent au murmure du vent
comme des gouttes de pluie
un petit bout de provence un petit goût d’algérie
au bout du monde retrouvés
(Monts aux cèdres, Afrique du Sud, mars 2022)
(c) DM
It is a large valley bordered by sandstone cliffs
shadowed by olive trees
a river runs through it
blocks of rock of potent origin
scissored in lacy designs
by lightning, water, sun, frost and wind
forced into shapes never seen
orange, terra-cotta, cinnamon
and the green, the evergreen of life
the scent of soil and acrid bushes
pungent leaves of thickets
wind sand and scorching rocks
lizards and duikers
ancestral land of the Bushmen
where live the leopard, baboon, antilopes
extreme land
either withered with heat or flooded
where grow the olive, almond, citrus and mango
stars exploding in diamonds
ancestors stories abound
a planet bright as a lighthouse
silence, wind, stars, rock,
sun, moon, water, birds,
river, cascade, hand paintings
rocks carved by the elements
heart of the earth pulsing
beauty beyond all thinking
majestuous features
parchment land, sizzling sandstone
hieratic cliffs
enigma demanding an answer
millions of years engraved in these rugged shapes
proteas, ericas, dassies and butterflies
discreet animal life, programmed to survive
bushes turned into gnarled shapes
colours as vivid as the sky
big skies as blue as the ocean itself
wild ether, unaffected
by the turbulence of humans below
sunsets baking in accomplishment
mountain, steady wall of ochre, red, chocolate
iron filaments in the stone
the elusive presence of the shy cape cobra
weaver birds, guinea fowls,
and the million invisible life
ever struggling for perpetuation
Life, ever evolving, ever transforming itself
mineral reign, animal, vegetal, and human, cohabiting
exchange of the hearts, bleeding with love
echoes of ancient memories
genes pairing and assembling
my genes responding to the call
Inner, irresistible call of blood
cellular coherence, proximity
Life in its kingdoms, ever renewed,
cells responding to each other
Desert call
Silence of the subtle matter
in the wind’s soft murmur
Vibration
Harmony
Life passed on a million years
astral light, merciless heat
rooted soul of the elements
the joy of leaves fluttering in the wind
making the sound of rain drops
windows shut to the scorching afternoon heat
the soft carpet of grass
giving in under the feet
foot imprints shaping the sand
paths of human and animal kind
rock paintings telling stories
of ancient shamanic trance
calling unto the elephant spirit
to come and heal the world
Very old tales told and seen
traces of ancient remedies
memories of past things
lived and gone
I want to stand up and scream : Happiness !!

(Cederberg, South Africa, march 2022)
(c) DM
Des lumières, des traits et des couleurs
Tout est futile, clinquant, superficiel
Fuite, aveuglement, illusion
Matériel et pourtant tellement irréel
Reflets d’une chimère
Issue du subconscient commun
Nourrie par les egos et la peur des humains
La folie des grandeurs
Et le besoin de tout prévoir et contrôler
Dans une société algorithmée
……..
Et pourtant tout cela
Prêt à s’effondrer
A s’effriter au moindre souffle puissant du Ciel
A la moindre divagation de la Mer
Au moindre frisson du dragon endormi de la Terre

Un coup d’échine et tout s’estompe
Se fracasse, se brise en mille éclats
Et plus rien ne restera
Que poussière, cendres et mystère
Et la nature reprendra ses droits
……..
Pour ne plus rien laisser
Que des vapeurs bleutées
Un ange effarouché
Le claquement d’une aile diaphane
Se tordant dans l’ether saturé
Vestiges d’un rêve agité qui au matin se dissout
Dont les échos seuls demeurent et
Respirant encore un peu
Du dernier souffle des chimères terrassées
……..
Tandis que flottera une odeur de métal
De caoutchouc brûlé et de produits chimiques
Souvenirs de la société engloutie….
(c) DM
« J’aime Rosans, Rosans m’aime-t-il ? » Souvenir de jeunesse de G., un graffiti mural qui lui avait valu un bref séjour à la Gendarmerie locale. Au matin nous redescendons donc de nos hauteurs vers le village, hanter ces lieux de sa jeunesse. Nous contournons Rosans à pied, en quête de souvenirs, prenons un café à La Boule d’Or en face d’une splendide vue sur la vallée, faisons des plans pour trouver un petit coin de terrain… visite de l’église inopinément ouverte par des paroissiens au bénitier plein de grenouilles, remplissage des bouteilles à la fontaine (nous trouverons une autre fontaine sur un parking au bord de la route de Nyons, dans les gorges de l’Eygues), halte à Sahune où nous achetons des olives et découvrons un excellent petit vin local, le Domaine du Rieu Frais à Sainte-Jalle, au pied des routes des cols, où nous sommes passés deux fois lors de nos boucles tournicotantes… A Sahune aussi, nous croisons sur le parking une bande de jeunes vivant en truck, van et camion aménagé.. et faisant du yoga sur le béton du parking, devant les toilettes publiques. Petit marché local aux portes de Nyons où nous acquérons quelque litres d’huile d’olive et quelques jolis oignons doux.
A Nyons nous optons pour un picnic sur les rives caillouteuses de l’Eygues. Notre pizzaïolo favori étant fermé, nous avisons une autre pizzeria sur la place centrale pour G., et des ravioles à la ricotta pour D. à la sandwicherie. C’est samedi, les rues du centre sont animées, les terrasses aussi, la rivière coule pour nous sous le pont romain qui nous protège de son arceau harmonieux et ses galets ronds nous chatouillent les orteils… Je traverse la rivière, peu profonde, à pieds, avant d’improviser une sieste un peu pointue sur les cailloux.
C’est ensuite le temps du retour, nous prendrons encore des voies de traverses, essuierons un orage dantesque, nous émerveillerons devant plusieurs arcs-en-ciel, une halte à Dieulefit… nos pensées nous laissent traîner encore dans les méandres de ce périple aux tons d’olive, aux senteurs d’herbe sèche et de pierre calcaire, aux sons d’eau vive et de cigale, au goût d’anis et de lavande, au palper de poudre et de sirop.
Le temps de quelques jours nous aurons vécu à un autre rythme, le rythme d’une absolue liberté, de dormir où l’on veut, de manger dans les collines, de nous laisser porter par l’impulsion du moment, prenant des routes qui nous inspirent, sans chercher à rallier tel ou tel itinéraire… Des découvertes très personnelles, des moments magiques, des moments de lecture et de discussions sur le monde, sur la ruralité, sur le bio, sur les traditions… Un mode de vie comme on n’en fait plus, qui semble tellement lointain et inatteignable, et pourtant, si simple à revendiquer…

Les lignes de Giono nous auront touchés au cœur, portés au loin, elles auront résonné sur les murets, dans les ruelles, au bord des rivières, bercées par le roulis des pierres de montagne, et dans le secret du soir, à la lueur d’une lampe frontale… Ses textes nous auront guidés à imaginer la vie de ces paysans pas si lointains que cela, et qui auraient pu être nos ancêtres, nos grands-parents ou arrière-grands parents…
Qu’a-t-on fait de ce monde-là ? Peu de gens sont encore conscients des richesses qui se cachent dans les campagnes et dans un retour à un mode de vie authentique. Certains, gardiens de la tradition, savent bien ne pas les vanter, ces richesses : éviter la peste du tourisme et de ses itinéraires fléchés sans fantaisie, le piège de ses produits phares, de ceci à voir ou à faire ab-so-lu-ment… Vivre et partager, comme antan, ce que l’on peut avec qui l’on veut… Il y a vraiment de quoi remettre en question les modes de vie qu’on a voulu nous vendre, et qui mènent à notre perte, dont nous sommes aujourd’hui les esclaves. On nous tourne en bourrique avec des injonctions diverses, payer comme-ci, consommer comme-ça, acheter telle voiture, tel saucisson, suivre des modes, faire comme le voisin… La publicité nous assomme, nous a fait perdre le goût du beau, le bon sens. La société algorithmée nous guette au tournant, où tout sera prédit, tout sera automatique et plus rien spontané on intuitif – car même notre intuition est polluée : vous avez tel âge, vous vivez dans telle région ? Alors, vous devez aimer telle musique, tel fromage, et acheter tel type de chaussures… Au secours ! Sortons de la matrice !!
Échapper à la fatalité, aux automatismes, déjouer les cookies, les programmateurs, les robotisateurs de l’espèce humaine, les correcteurs et les standardisateurs de la vie, ceux qui veulent nous dicter comment vivre et comment penser. Célébrer la perfection de l’imparfait, de l’imprévisible, de l’imparable, de l’impossible, de l’impersonnel et de l’impertinent… Retrouver le goût du local, du beau, du bon, du simple… de l’interdit ! Le goût du contact avec l’eau, avec les oiseaux, avec la roche, avec les humains, l’éblouissement d’un coucher de soleil (pas forcément sur Instagram…), la splendide sensation de faim qui nous chatouille le fond de l’estomac… Voilà ce que nous enseignent Giono et ses écrits, ses personnages hauts en couleur, ses perles de la nature égrenées comme de rien au fil des pages, des moments de la vie, des roues qui tournent; des graines de beauté suspendues en vol, entre le lancer et la germination…
(c) DM