Nocturnes

Lisez en écoutant :

« For Your Love » (Jacob Gurevitsch Arturo Sandoval)

Balbutiements de la lune

aigre cri de la mouette

flux et reflux du temps perdu

temps présent sur la corde raide

le monde s’effondre et se déglingue

reflets nacrés sur le mazout

à coeur vaillant rien d’impossible

(c) DM 2023

Napule è

haïkus napolitains

Lisez en écoutant :

« Napule è » (Pino Daniele & Eric Clapton)

https://music.youtube.com/watch?v=iZlO0R6AbiU

Ruelles d’ombre et de vent

où rarement le soleil descend

tranchant dans le cœur de la ville

comme une saignée


San Gennaro,

penses-tu vraiment

qu’il existe une réponse

à chacun de nos problèmes ?

Et peux-tu nous guider,

nous libérer de nos peines ?


Golfe étincelant

aux accents chantants

dont les rives se baignent

contre nos rires

d’or et de rose



Vierge lumineuse

ton sourire s’est éteint

sous les balafres du monde

mais ta force rayonne

à travers tous ceux

dont tu perces le regard


Tout ce chaos criard

grouillant de vies multiples

et, au milieu,

une rose, offerte

par un serveur aux dents gâtées


Tables, passants, motos, vespas,
un taxi zigzague dans le labyrinthe
sur son passage la vie s’éparpille
éclaboussures de rires et de cris


Sur la rive absente du golfe

un homme attend son amour aux yeux verts

elle est partie loin, très loin

dans les remous des vaguelettes

un visage se dessine

en transparence

celui d’une histoire

sans fond, sans fin


La mer ne sent plus rien

ni les cris des oiseaux

dont le son s’étouffe

dans le silence profond

que rien ne perce

pas même le tumulte de la ville


Alluvions, cendres,

couches après couches de cités

allées pavées, thermes,

labyrinthes effondrés

lieux de cultes engloutis

foulés par des milliers de pieds

il y a des milliers d’années

Vestiges fragiles, presque risibles

d’une brillance éteinte

d’une gloire disparue

comme celle d’aujourd’hui,

dans son inutile vanité

le sera un jour

Clin d’œil de l’histoire

d’où des milliers d’yeux nous regardent

par un trou entre deux pierres

Splendeurs des puissants

misérables aspirations des faibles

merveilles des civilisations

stratifiées dans les collines

vague après vague d’habitants

arrivant de la mer

Dans les ruelles profondes

aux odeurs de poisson et de citron

s’élèvent des clameurs

s’envolent des douleurs

s’effondrent des illusions

se réveillent des bonheurs…

et se prend le pouls de Naples.


Au bord du Pô

Tendre saule vert de printemps

tes branches souples au vent

laissent filtrer la lumière

tout en m’enlaçant

Saule gai et vivant

tes bras de vent

soufflent sur mes cils

un parfum d’éternité !

(c) Delphine Marie textes et photos

Le pouvoir de l’instant

Ferme tes yeux, tes oreilles aux horreurs du monde

plonge en-dedans

regarde la merveille qu’est la vie en toi …

respire, respire, respire,

ne te laisse pas abattre

la seule chose qui compte

c’est l’étincelle en toi

qui vit, qui brille, qui rayonne

et qui porte en elle

le germe d’un monde futur,

d’un monde meilleur

Fais grandir cette graine,

jour après jour,

patience dans l’azur …

arrose-la, nourris-la, parle-lui tendrement,

donne lui de l’amour,

assure-toi qu’elle n’a pas froid

ni trop chaud, ni trop au sec

prends soin d’elle comme un nouveau-né

fragile et tout plein de l’espérance qu’il porte

Ecoute cette petite voix discrète en toi

celle qui te dit de ne pas baisser les bras

celle qui te donne la force

de sourire et de chanter, encore …

Qui est chaleur, qui est lumière

cette petite flamme au fond de ton coeur

qui se redresse après chaque tempête

Il n’y a que l’instant qui compte

et en lui réside le pouvoir de l’atome

celui de faire tout imploser

et changer la façon dont est conduit le monde

Ecoute cette petite voix,

pardonne, rayonne, rassemble tes souvenirs

Fais de ta vie une danse

gère tes échecs, tes déprimes

réjouis toi de tes succès

brille de ton feu sans vouloir écraser quiconque

respecte la voix de chacun

et son apport au monde

assume et continue ta route

le regard droit

la démarche sûre

l’aura d’amour qui te protège autour de toi

chaque instant est précieux

et porte en lui le germe d’un avenir radieux

Tu as le choix d’être heureux

Bribes

Les nuages se clairsèment et le ciel réapparaît
Un instant il est bleu,
l’instant d’après blanc comme le lait
Une goutte tournoie dans un éclair de vent
J’observe ma voix qui la suit en dansant

Un carré de TGV où 4 femmes se lisent
et se répondent dans le silence de leurs vies en filigrane
des regards noisette, bleus ou soubise…
qui s’éclairent quand le soleil s’invite
se font et se défont
se croisent et se décroisent
dans un soupir retenu qui plane
sur leurs lèvres sans jamais éclore complètement

Baisers d’hiver qui brisent leurs chaînes et jamais ne désespèrent de trouver une joue sur laquelle se poser
La vie a des surprises qui nous ramènent sans détour au flot du jour
La vie a de ces détours qui nous prennent par surprise la douceur peut entrer par chaque pore au moment où on s’y attend le moins
La vie a de ces pauses cacahuètes qui sonnent comme un clairon lorsque notre cœur est ouvert à la fête

Mon cœur a la fragilité d’une fleurette frémissant dans les pétales du vent
un jour le vent d’ouest le retourne une autre fois c’est le vent du nord froid et distant qui le saisit vent du sud et il chante des flamencos vent d’est il rentre dans son for intérieur pour explorer ses grandes steppes

(c) DM