Lisez en écoutant :
Balbutiements de la lune
aigre cri de la mouette
flux et reflux du temps perdu
temps présent sur la corde raide
le monde s’effondre et se déglingue
reflets nacrés sur le mazout
à coeur vaillant rien d’impossible
(c) DM 2023
Lisez en écoutant :
Balbutiements de la lune
aigre cri de la mouette
flux et reflux du temps perdu
temps présent sur la corde raide
le monde s’effondre et se déglingue
reflets nacrés sur le mazout
à coeur vaillant rien d’impossible
(c) DM 2023
Ferme tes yeux, tes oreilles aux horreurs du monde
plonge en-dedans
regarde la merveille qu’est la vie en toi …
respire, respire, respire,
ne te laisse pas abattre
la seule chose qui compte
c’est l’étincelle en toi
qui vit, qui brille, qui rayonne
et qui porte en elle
le germe d’un monde futur,
d’un monde meilleur
Fais grandir cette graine,
jour après jour,
patience dans l’azur …
arrose-la, nourris-la, parle-lui tendrement,
donne lui de l’amour,
assure-toi qu’elle n’a pas froid
ni trop chaud, ni trop au sec
prends soin d’elle comme un nouveau-né
fragile et tout plein de l’espérance qu’il porte
Ecoute cette petite voix discrète en toi
celle qui te dit de ne pas baisser les bras
celle qui te donne la force
de sourire et de chanter, encore …
Qui est chaleur, qui est lumière
cette petite flamme au fond de ton coeur
qui se redresse après chaque tempête
Il n’y a que l’instant qui compte
et en lui réside le pouvoir de l’atome
celui de faire tout imploser
et changer la façon dont est conduit le monde
Ecoute cette petite voix,
pardonne, rayonne, rassemble tes souvenirs
Fais de ta vie une danse
gère tes échecs, tes déprimes
réjouis toi de tes succès
brille de ton feu sans vouloir écraser quiconque
respecte la voix de chacun
et son apport au monde
assume et continue ta route
le regard droit
la démarche sûre
l’aura d’amour qui te protège autour de toi
chaque instant est précieux
et porte en lui le germe d’un avenir radieux
Tu as le choix d’être heureux
C’était il y a 33 ans. En novembre, les premières brèches déchiraient le mur honni, le mur de la honte, le mur de Berlin. L’émoi était dans les rues… le rideau tombait sur un essai de régime totalitaire en Europe… avec le rideau s’écroulait un mur, l’une des plus ignobles inventions de l’homme pour le séparer de ses congénères… un mois plus tard, j’y étais, souvenirs !
Pour une lecture en ambiance rock cliquez ici !

Extraits de mes carnets :
« Samedi 16 décembre 1989 : nous arrivons à Berlin, en bus depuis Amsterdam, vers 8h du soir… On se décide à prendre le métro, direction Kreuzberg… nom chargé de signes, lourd de fantasmes : un quartier qui jouxte le mur, un quartier des bars underground, des restaus turcs et des galeries d’art alternatif… fête dans un squat où des gens aux cheveux roses dansent comme des morts vivants sur du rock allemand … on dirait presque qu’à force de craindre la guerre atomique ils y sont tous passés… Religion apocalyptique et anarchiste, reconstruction d’un monde parallèle, contestation et défense des causes révoltées : les Kurdes, les Palestiniens, l’Afrique du Sud… Aider les autres à se construire un monde plus juste, nous qui avons vécu le suicide et survivons maintenant par des extravagances agressives… ? »
Un essai de régime totalitaire en Europe… mais, en sommes-nous si loin aujourd’hui ? Sous nos simulacres de démocratie, la toute puissante Union européenne et nos dirigeants bien-pensants n’ont-ils pas réussi à nous dicter à quelle heure nous pouvions sortir, comment nous chauffer, quoi manger, combien d’essence consommer, comment prendre soin de notre santé, comment penser, comment nous comporter avec les autres ? … Les rayons des supermarchés sont pleins, mais ironiquement, on vit dans l’angoisse permanente d’une pénurie quelconque…

« Lundi soir, 19 décembre : nous avons longé le mur… Lieu de recueillement, de visite pour tous les Allemands intrigués des changements mais cependant patients et attentifs de ce qui se passe et va se passer. Des panneaux, des affiches se dressent, symboles d’une lutte pour la liberté sur terre et d’un désir de réunifier les esprits et les pensées d’un peuple déchiré. Étrange image que cette ville divisée par un mur bariolé, lieu à la fois d’inepties mais aussi de tous les slogans et toutes les aspirations librement exprimées. De l’autre côté, une blancheur totale et neutre, le refus de laisser libre cours aux individualités, le signe d’un socialisme exacerbé par la rigueur allemande. »

« Le mur est le signe visible d’une exclusion, non pas réciproque mais voulue par l’Est pour éviter une « contagion » et endiguer plus sûrement son peuple ; en même temps, cette vision Ouest d’un mur où se cognent tous les appels, les supplications, résonnant et bourdonnant dans les oreilles de ceux-mêmes qui les envoient, mais hermétiquement stoppés par le béton. A l’Est, les frères, non pas ennemis mais amis refusés, confisqués, qui viennent maintenant parfois en visite et viennent recevoir leur begrüßgeld sur l’Europa Center, après quoi ils se précipitent dans les boutiques dépenser chichement leurs 100 Marks. »

« Symboles d’un art renaissant, les motifs graffitesques du mur sont sans aucun doute une prière au passé autant qu’une crainte et une exorcisation de la décadence occidentale… Visages tristes et serrés des Allemands de l’Est, non pas surpris, peu étonnés de ce qu’ils voient, plutôt lassitude face à cette vie qu’ils viennent partager pour 1 jour mais qui n’est pas la leur. Lassitude, enfermement des désirs et étouffement des ambitions, des aspirations. Pas de frénésie ni d’excitation (lorsqu’ils parviennent) à l’Ouest, simplement une grande humilité, discrétion, une visite amicale et silencieuse, une découverte naïve comme celles que font en cachette les enfants frustrés, à peine joyeux car ils savent que leur découverte est subversive et que pour continuer à vivre dans les rapports humains, les mouvements qui sont les leurs, il leur faudra occulter cette partie d’eux-mêmes qui se révèle le temps d’une journée… sans quoi, la folie, le désespoir, la colère illimitée les guettent… »

« Plus d’un mois après les événements qui ont bouleversé les cases de la conscience allemande en même temps que les institutions, cette ambiance de religion, cette atmosphère d’attente non pas tendue mais pleine d’espoir, à l’Ouest, calme et résignée à l’Est, me laisse espérer beaucoup de notre prochaine visite à Berlin Est. »
(Les brèches sont dans le mur, les visites se font plus fréquentes et faciles, les Vopos sont conciliants, mais le mur administratif n’est pas encore officiellement tombé…)

Je longe le mur à partir du canal, dans le quartier de Neukölln. « Une brèche dans le mur est devenue point de passage, au bout de la Obumant (?) Strasse. J’y parviens pile à l’heure de l’exode (le retour à l’Est à la fin de la journée) : quelques centaines d’Allemands de l’Est se suivent en flot continu, familles, entre amis, jeunes et vieux, tous des cabas à la main, avec des bananes, des jeans ou je ne sais quoi ; avec aussi une sorte de petite étincelle dans leurs yeux éteints, un timide sourire, une lueur de renouveau, une brèche entr’ouverte dans leur cœur…. A cette heure-là c’est impressionnant de les voir, les uns derrière les autres, comme faisant la queue une fois de plus, arrivant d’un pas pressé, s’extirpant de la pénombre pour s’exhiber sous les réverbères qui éclairent crûment cette scène à la fois douloureuse et créatrice d’espérance… Puis soudain un sentiment bizarre m’étreint : j’ai l’impression de photographier un troupeau inhumain de formes se rendant sans espoir à leur destin, je me sens presque intruse devant ce spectacle qui me semble indécent pour la naturelle pudeur humaine… Sous les arcades où la foule s’engouffre, l’ombre de l’inconnu et du mystère, l’attente du changement, une sorte de couloir où soudain corps et esprits se métamorphosent pour vivre une vie d’un autre genre… »

Mercredi 21/12, a ride inside the long long far east (à l’Est) : « Arrivés par un morne matin gris à Checkpoint Charlie, déboussolés par le nouveau monde qui s’offre à nous, les longues avenues envahies de Trabant et de Wartburg et quelques Lada et Skoda russes ou tchèques… bordées de très vieux immeubles en déconfiture et de quelques autres immeubles tout neufs ou en construction. Berlin Est apparaît petit à petit comme un vaste chantier… le paysage n’est que grues, pare-pains, structures métalliques et l’air résonne de bruits d’activités en tous genres. Nous déambulons dans le centre… jouxtés par les monuments très anciens de la Humboldt Universität ou des musées Boden et Pergamon, des monstres ostensibles de la culture socialiste se donnent un air frimeur de moderne, de splendeur érigée en orgueil populaire, d’expressionnisme exagéré du pouvoir socialiste : la Volkskammer, le palais du socialisme, élévations destinées aux élites du peuple… quelques immeubles marqués d’impacts de balles…»
« Les problèmes commencent en fait lorsque nous cherchons à bouffer… La guerre là-bas semble être une véritable institution, conséquence directe de la profusion limitée des biens de consommation et en même temps, résultat logique de l’esprit de discipline poussé à l’extrême… Il y a tout un art de la queue : on se place patiemment derrière son voisin, on avance d’un pas lorsqu’il fait un pas, on saisit le panier du clampin sortant pour pénétrer dans le magasin ; le nombre de paniers détermine en fait le nombre de personnes présentes à la fois dans le magasin. Conséquence logique il est interdit de rentrer dans un magasin ou un supermarché sans panier. Nous nous faisons engueuler au mini Markt de la gare, parce que nous n’avons pas de caddie, et nous avons beau expliquer que nous rejoignons le troisième larron qui en a déjà un, rien n’y fait.»
« Il apparaît frappant qu’il y a énormément de librairies à L’Est, où les gens peuvent venir lorsqu’ils sont en quête de menu fretin culturel : dans chaque domaine, un ou deux livres sont proposés et c’est la même chose dans les magasins de consommation: il y a une sorte de jeu d’échecs, trois sortes de casquettes, un peu plus de choix dans les chapeaux de mode mais dont les prix sont carrément prohibitifs. Des fixations de ski datant de nos ancêtres nordiques… la qualité apparaît médiocre dans tous les domaines. Même la bouffe est fade et inhumaine, comme stérilisée et sortie à la chaîne d’une usine du « meilleur des mondes »… la viande a une couleur brune de sang coagulé, pour rien au monde je ne goûterais au maigre choix de steaks. »

« Vendredi 22 : aujourd’hui nous avons fait « les sauteurs de mur »! La Brandenburger Tor s’est ouverte des deux côtés, flux d’Allemands. Des gens partout sur le mur, sur les cars de flics, passage à l’Est gratos : décidément ça bouge ! … les Allemands ont reçu je crois le plus beau cadeau de Noël qu’ils pouvaient espérer : des Vopos souriants qui leur bordent le passage, dans les 2 sens, et discutent avec les flics de l’Ouest dans les brèches du mur.»

J’ai senti, à ce moment-là, que je vivais un moment historique, comme il m’arrivera encore au moins une autre fois dans ma vie (Afrique du Sud, 1994, élection de Nelson Mandela). Grand moment d’émotion. L’espace intérieur s’ouvre, explose en feux d’artifice extérieurs, la vie est immense, ses possibilités indéfinies n’attendent que notre volonté pour manifester le meilleur de l’humanité. L’espoir vibre, palpable, au-dessus des têtes. Sous un ciel qui se déverse la foule est en liesse. Intensité électrique, contagieuse. Les Allemands manifestent, rient, hurlent, crient, boivent, grimpent, chantent et jouent de la trompette, sur le mur en lambeaux qui n’a plus lieu d’être. Le symbole est détruit, reste à tout reconstruire…
« L’événement : 15 H : les chanceliers Kohl et Modrow se serrent la pince, ainsi que les maires respectifs de Berlin et décrètent l’ouverture libre de la Brandenburg : foule, pressée contre les barrières, hurlements et sifflements, on boit du Sekt à volonté dans la foule et sous les parapluies car l’humidité monte. »
Il me restera, à tout jamais gravée dans ma mémoire, cette image, photo de mes premiers débuts de reportage (ainsi que les autres, que j’ai retrouvées et présentées ici) : celle d’un joueur de trompette qui, dressé sur le mur, sous la pluie, sonne la liberté, la réunification des peuples, l’avenir glorieux … comme les trompettes de Jéricho qui font s’écrouler le mur de la ville, ou celles de l’Aïda de Verdi qui annoncent le retour des troupes glorieuses.

……
Aurions-nous tant célébré si nous avions su ce que l’avenir nous réservait ? D’abord, les guerres du Golfe, Yougoslavie, Tchétchénie, Congo, Rwanda… puis 2001 le 11 septembre, Afghanistan, Irak, Gaza, Darfour… et tout le reste…. l’étau de la mondialisation qui se resserre… la dictature technocratique qui rôde… l’expérience Est-allemande aura-t-elle été un galop d’essai parmi tant d’autres pour un régime totalitaire en Europe ?
L’angoisse de ces questionnements n’a d’égal que le souvenir de la sensation de liberté qui a pu m’étreindre en de tels moments de passage, où l’Histoire flambe de tous ses feux, et nos cœurs vibrent à l’unisson. Où se sont déversées toutes nos aspirations, toute cette joie électrique, cette sensation immense d’ouverture? Comment recueillir cela en soi et l’accueillir comme l’état naturel de l’être, celui qui devrait être le moteur de notre monde et le sens de notre passage sur terre ? Est-ce encore possible … ?
Textes et photos (c) D. M.
Virevolte
Révolte qui sourd
grondement des vieux loups dans la forêt profonde
familière et féconde
qui nous ensemence et nous nourrit
Humus des années passées à comprendre, à grandir
Craquement sec dans la nuit épaisse
une branche enfin prête à céder sous nos pas
après des années de décomposition
la face de l’ombre
plonge son regard
en nous
fait volte-face
et libère la clarté qui dérange
Virevolte
Au goût amer des feuilles mortes
se mélangent les sucs des insectes qui grignotent
écorces, brindilles, pousses tout justes sorties
et les sables éphémères, en volutes émouvantes
se rappellent à notre conscience ensauvagée
en tempêtes
tourbillonnantes
de spirales enfumées
Lames de fond sur le gouffre de l’âme
qui cinglent tout sur leur passage
Virevolte
Tout revient tournoyer autour de nous
en longs lambeaux effilochés
à moitié digéré, à moitié consommé
tout revient nous obséder
demander son compte
travailler notre naïveté
en saccades obscures
cycles absurdes dont nous peinons à sortir
et tout tourne sans cesse
en vagues déferlantes
qui nous hypnotisent et nous hantent
Virevolte
Tout autour de nous n’est que pensées, émotions élaborées
émanant du monde subtil
Toute forme autour de nous s’estompe
des ombres se redressent et viennent réclamer leur dû
raclant le sol et rechignant à évoluer
avant de retourner en poussière
tout n’est que spirale du vivant
apparu, transformé, disparu
Virevolte
Tout autour de nous vibre et se dilue
comme des lucioles
dans l’air qui sature et étincelle
Tout n’est qu’Amour et confusion
Tout n’est que Paix et illusion
(c) DM
Ecoutez en lisant : https://music.youtube.com/watch?v=PZeTKfpFfOI&list=RDAMVM0QFY3SCgUGA
Homme, Femme, Vieillard ou Enfant,
Vivant, décédé ou encore à naître
Que ton Coeur soit pur et lumineux
qu’il éclaire ta route au-devant
et irradie autour de toi
Qu’il soit phare pour les Autres
et pour toi, guide et réconfort,
afin que ton chemin soit joyeux
Que chaque Jour soit comme le Dernier,
beau et bon et bienfaisant
comme un pain chaud sorti du four
Et que ton Cœur se réjouisse
lorsque les étoiles pâlissent
au firmament
Que la Terre soit fertile et nourricière
et notre Mère à tous
Que le Soleil, la Lune et les Etoiles
redeviennent nos parents, nos frères, nos soeurs et nos enfants
Et les éléments, notre levain
Que chaque Cœur vibre d’Amour et se relie au Sans Objet
Cœur de l’Univers, dont il est à la fois Tout et Partie
Que chaque Cœur vibre de Compassion pour tout ce qui est Vivant,
sachant que toute la Création est issue d’un même atome,
du même abîme,
et vibre du même Son originel
Que homme et femme se chérissent et se complètent
et se donnent naissance l’un à l’autre
comme la vigne et le raisin
ou deux sarments d’une tresse
Que tes yeux donnent du sens à ce qu’ils regardent
Et que tu sois béni mille fois en retour
par le regard des Autres sur toi
Que ta bouche chérisse le silence
Et tes oreilles attentives au bruissement des feuilles
au gargouillis de l’eau
au murmure discret des étoiles
Que tes mains caressent sans chercher à saisir
et offrent au Monde ce de quoi tu es fait
Que ta langue, ta peau goûtent à l’Infini
et aspirent à sa Tendresse
Que ton langage soit prière
Que ton Verbe soit Chant,
et qu’il se fasse chair
Que ton respir soit doux comme celui d’un enfant
Tendre ton inspir
Généreux ton expir
Cycle précieux en harmonie
avec la grande respiration de la Terre
Que tes hanches soient souples et ta démarche sûre
Rassurante ta posture et ferme ta direction
Que tes pas te guident où tu es en harmonie
où ton cœur et ton corps palpitent sans faire de vagues,
profonds comme un lac d’altitude
seulement ridé à la surface
par quelque facétie du vent
le frémissement de tes sens
et la Noble expression venue du fond
de tes émotions
Que tes bras accueillent le Grand Mystère
et l’embrassent chaleureusement
Qu’ils reçoivent en retour
le frisson du Vivant
Que ton Esprit soit clair et ta pensée limpide
Que tes pensées, tes paroles et tes actions
résonnent comme un acte d’Amour,
alignées sur le Grand Principe
car chacune d’entre elles
influence le Tout
Que ton plexus soit fort face à l’adversité
et ne daigne ni fléchir ni se décourager
Que ta pratique soit ainsi, simple et dédiée
Que chaque être voie le monde
avec l’âme d’un enfant
dépourvu de toute intention de nuire
Que Notre Cœur vibre à l’unisson
avec le reste de la Création
Que tes yeux enfin scintillent
de toutes les Beautés du monde
qu’ils reflètent l’effervescence de ton Cœur
ils seront un signe de ta Joie d’être en Vie
Reçois la vie à pleines mains
et les bénédictions seront légions.
(c) DM novembre 2020
Noces délicates de la fleur et du vent
De l’ardeur et du sang
La bonheur comme un gant
Clameur nocturne insensée
Je ne sais rien je ne veux rien
Je ne sais rien
Je ne sais rien
Que le souffle des vagues, la tendresse du vent
Je ne veux rien
Que le brin de soleil qui joue dans mes cheveux
Je ne sais rien
Que le parfum de sable qui se donne à moitié
Et la note du temps
Et le regard amoureux que la nature pose sur moi
Je ne sais rien mais je sais
Que la fin d’une étoile est le début d’une autre
(c) DM
C’est l’histoire d’un lutin des prés
Qui aimait gambader
Tout joli joli
Tellement joli que tout un chacun
Voulait se l’approprier
Lui ne pensait qu’à courir
Libre comme un papillon
Et butiner de ses doigts dorés
La nature en ses bienfaits
Autour de lui sans y penser à mal
Tous les animaux des bois, des prés et des marécages
Et même tout lointain là-bas au pays de l’En-Mer
Et au-delà dans les savanes et les cîmes enneigées
Le voyant passer, voulaient l’attraper
« Oh joli lutin des prés des prés
viens par ici que je te touche, que tu me souries
que je t’attrape et te caresse
que j’entende ta voix enchantée
et ton rire ruisseler comme des goutelettes nacrées
de tes jolies petites dents je veux sentir la morsure
de ta peau de velours je veux toucher la douceur
de tes jolis petits yeux de perle
je veux comprendre le regard
je veux grandir à tes côtés
te tenir fort, te retenir ! »
Or le petit lutin voulant faire plaisir
souvent se retrouva pris au piège
car il aimait sincèrement
tous ceux qu’il rencontrait
la chouette hulotte et le faon
la fourmi et le renard
le chat et l’araignée
et les mouches et les éléphants
et aussi ses confrères humains
le peuple des élémentaux
petits lutins de la forêt
fées, elfes et farfadets
Alors de temps en temps, il s’arrêtait dans une hutte
dans un champignon-maison
sous une frondaison
dans les branchages ou dans un palais
partout où logeaient ses amis
Il parlait, il rassurait, il comblait et se laissait combler
On le nourrissait, on lui chantait des chansons
on le gâtait de toutes sortes
si bien qu’il y prenait goût aussi
Mais il ne se rendait pas compte
Que même chez les gens bienveillants
Il y avait des pointes d’envie
On voulait lui voler son aise,
On enviait sa décontraction
La chance qui lui souriait dans la vie
Parce que tout lui réussissait
Car lui qui avait un bon rapport à tout le monde
Ne se faisait pas d’ennemi
Mais son ennemi c’était l’envie
On voulait lui soutirer sa parole,
Sa lumière, ses longues jambes,
Sa liberté, son air auspicieux,
Son aise et sa prestances gracieuse
Sa loquacité, son audace,
Et son caractère généreux,
Sa joie de vivre et son maintien,
Bref tout ce qui lui appartient
Et bientôt sans s’en rendre compte
Car en surface tout était gai,
Il songea de tristes pensées
Des idées noires et maléfiques
Des désirs morbides et des oeuvres sataniques
Car en fait c’étaient le flux
Des envies et des jalousies
Des ombres noires et des manigances
Qui finalement l’atteignaient
Et ternissaient son apparence
Tant et si bien qu’un jour il vit
Clair comme une flamme pure
Qu’il y avait perdu son âme
Et laissé échapper le sens de sa vie
Alors le petit lutin un peu triste
Se retira dans son manoir
Sous la mousse du grand chêne
Il médita, médita, médita longuement
Chanta des psaumes et se fit des onguents
Pria le ciel et tous ses éléments
Il pleura beaucoup, rumina
Et même parfois voulut mourir
Il se dit c’est bien dommage
Que sur cette magnifique Terre
Chacun ne puisse à son avantage
Avancer comme il peut et faire taire
En soi ses mauvais élans
Plutôt consacrer son temps
A faire prospérer ses talents
Par pour soi seulement
Mais aussi pour les autres
Pour contribuer à vivre ensemble
Dans une société où chacun a la place
Qui lui est impartie à la naissance
Avec cette part d’acceptance
Et de résignation, mais aussi d’optimisme
Et de joie d’être vivant
Que cela simplement comporte
Pour sa part, il réfléchit sur le sens de sa vie
Se réappropria ses désirs
Et voulut tout recommencer
De zéro, mais différemment
Il apprit qu’en se dispersant
Il avait creusé des sillons
Élargi des failles sans le vouloir
Dans la carte de sa destinée
Affaibli son chemin de Vie
Laissé entrer ce qui ne devait pas
Et laissé s’envoler le fil d’or
qui constituait son bonheur
Alors il prit la résolution
De n’écouter plus personne
Que de sa petite voix la chanson
De reprendre ses pérégrinations
Mais sans trop s’écarter de son chemin
Et tant pis pour tous ceux qui râlent
Qui lui fairaient des grimaces sur le bord du chemin
Ou qui seraient déçus
Car cette fois-ci il ne s’arrêterait plus
Ou très peu, seulement
Pour une poignée de main, un baiser, une rencontre
Mais sans s’attarder, tout en faisant le bien
Là ou il le pourrait
Et même les plus heureux
Ou les rois tout-puissants
N’y prêter que peu d’attention
Mais en gardant toujours à l’esprit
Que le plus important pour lui
Était de préserver son trésor
Celui qui ne se partage qu’au compte-gouttes
Par peur de le voir se ternir
De le voir démolir et avilir
Si on le sort devant tous les yeux
Y compris ceux des envieux
Alors il y eut de difficiles décisions
Des reculs, des adieux, des partitions
Et petit à petit au fond de lui
La clochette enchantée se remit à résonner
Ding, ding, dong
Trois petits coups pour lui redonner
L’envie de chanter et de danser
Et de courir de par les prés
Guilleret et d’offrir au monde
Ses chansons et ses oraisons
Ses prières et sa gaité
Sans plus se soucier
De ceux qui l’entendraient d’une mauvaise oreille
Il irait chez ceux qui ne trahissent point
Et chercherait des alliés parmi les Authentiques
Ceux dont le cœur pur est toujours là pour servir
Ceux qui ne renient point les atouts
Que leur a donnés la vie
Et ne se trompent point de combat
Et savent partager la joie
D’être là d’abord pour soi,
Et ensuite pour les amis,
Mais quand on dit toujours…
c’est tous les matins et tous les jours
de la sainte vie que l’univers nous octroie
et dont le monde nous bénit
Soirs et matins et encore les nuits
Fidèles à cette nature enfantine
Qui reste maître en la demeure
Qui constitue notre essentiel
Et que trop, lâchement, laissent tomber.
C’est la seule bonne nouvelle que Macron pourrait offrir à la France.
Oui, mais comment ?
Saura-t-il renier sa caste (les banquiers) , et affirmer la prééminence du collectif sur le dogme du « profit » et de la « croissance » (qui profitent toujours aux mêmes) ?
Est-ce que la France – patrie des droits de l’Homme, terre de migrations, de la Révolution française et des Lumières – saura une fois de plus être l’inspiratrice, le guide, celle qui prend le taureau par les cornes, et qui dans un sursaut ose enfin remettre en question, de manière très concrète, ce système qui de par le monde est en faillite et ne crée que de plus en plus d’inégalités sociales ? Sans retomber dans un autre « isme » ? Et inspirer d’autres nations à tendre vers un nouvel ordre, une nouvelle pensée, un mode de fonctionnement alternatif ? Voilà une option qui nous remettrait dans le cours de l’Histoire et redonnerait à notre pays toute sa justesse et sa grandeur.
Peut-on prendre le parti de ce qui se passe aujourd’hui en France pour opérer un changement de direction et initier une nouvelle société où chacun peut vivre de ses talents et vivre dans l’abondance – matérielle, affective, spirituelle – tout en restant dans la sobriété ? Où chacun modère ses désirs et sa consommation, pour faire émerger le « vivre ensemble » ?
Mais aussi est-ce que chacun, individuellement, est prêt à faire le pas, à changer ses modes de vie, c’est à dire à consommer moins, mieux, vivre modestement, arrêter la course aux dernières technologies, arrêter de changer de voiture tous les 2 ans, arrêter d’acheter des choses emballées dans du plastique et des nourritures industrielles, de prendre des crédits conso, arrêter d’acheter le poulet le moins cher (celui qui a été élevé en batterie), de se précipiter chez le médecin et à la pharmacie consommer des médocs dès qu’on a un petit bobo (et plutôt prendre en main sa santé), s’approcher du zéro déchets, arrêter d’acheter des broutilles en ligne, arrêter de se précipiter dans la foire à la consommation de noël (et plutôt offrir des choses signifiantes et gratuites, comme : du temps, de l’attention, un sourire, une réconciliation, ou des petites choses dont nous avons perdu le sens de la valeur – comme au tan lontan comme on dit à la Réunion ! – une mandarine, une branche de sapin enneigée, une merveille dont la nature qui nous entoure abonde…), vider nos boîtes e-mails, sms et nos conversations whatsapp (le stockage de données web ou cloud utilise des quantités astronomiques d’énergie, des immenses serveurs installés dans les zones arides et désertiques, aux Etats-Unis et ailleurs), arrêter de regarder la télé – toutes choses qui font vivre cette société capitaliste que l’on décrie tant ?
La « sobriété heureuse »
Est-ce que nous serions prêts, nous les plus aisés, à sacrifier un tout petit peu de notre bien-être, nos voyages en avion, nos agitations incessantes en voiture, nos dépenses excessives, (je dis « nos » mais personnellement je m’y attelle depuis plusieurs années déjà), nos fringues et nos chaussures, nos économies et nos comptes en banque que nous emporterons dans la tombe… pour revenir à un mode de vie plus simple et commencer à rééquilibrer un peu la société, en faveur de ceux qui n’ont rien ?
Est-ce que nous accepterions de vivre avec les effets d’une réduction des dépenses publiques inutiles, telles que des ronds-points de plus en plus mégalo, des panneaux, des réfections de chaussées alors qu’elles sont encore en état correct, des subventions pour un oui pour un non, des trottoirs, des ralentisseurs (est-ce que nous accepterions de rouler un peu moins vite, afin que les communes n’aient pas à construire de ralentisseurs…) , des parkings (que l’on nous fait payer à construire, puis payer à utiliser ensuite) , bref appliquer la sobriété aussi aux dépenses publiques ?
Exiger de nos députés qu’ils demandent et obtiennent qu’un réel pouvoir soit donné aux rapports de la Cour des Comptes – qui chaque année fait un travail réellement indépendant et met en lumière des dépenses inutiles ou mal gérées et d’innombrables dysfonctionnements de l’Etat ? Arrêter de (se) mentir sur la santé publique et mettre en pratique, pour de vrai, le principe de précaution (en ce qui concerne la pollution, de l’eau, de l’air, par les pesticides, les antibiotiques, les ondes électro-magnétiques, les pénuries à venir) et reprendre notre pouvoir de PENSER PAR NOUS-MÊMES, individuellement et collectivement ?
Est-ce que nous pourrions arrêter de râler pour tout ce qui ne va pas, accusant le ciel et la terre, nos parents, nos enfants, nos ex-, nos voisins, la commune, l’Etat, les étrangers, etc. de tous nos maux, et nous souvenir que la vie n’est pas un lit de pétales de roses et que chacun traverse son lot de galères, et recevoir ces galères comme les bons moments avec le sourire ou tout au moins avec grâce, accepter son destin et se prendre en mains c’est aussi accepter sa part de galères – nos aïeux ont eu des destins autrement plus difficiles avec les guerres et les privations – sans que ce soit toujours « la faute à quelqu’un », et parce qu’il est juste d’exprimer sa colère mais cela doit se faire dans le respect ! Recevoir gracieusement, les galères comme les réussites, car les deux sont les deux faces d’une même histoire… et les deux ont des messages cachés dont nous pouvons tirer bénéfice pour faire grandir nos vies.
Se retrouver, être ensemble, se respecter, s’écouter ? Est-ce que nous accepterions de ralentir, au lieu de chercher à aller de plus en plus vite, utilisant des autoroutes qui coûtent des fortunes et enrichissent les mêmes en péages, prenant les badges ceci, les abonnements cela, de plus en plus, toujours de plus en plus… STOP ! Vous êtes complices. Nous sommes tous complices, à un certain degré… Le consommateur détient un pouvoir unique – celui de consommer ou de ne pas consommer – utilisez-le !
Ecoutons les voix comme celle de Pierre Rabhi, Susan George, Ivan Illitch, Boris Cyrulnik, que sais-je encore (ajouter les vôtres dans les commentaires !) et discutons ensemble de la transition vers un nouveau mode de fonctionnement, économique, social, individuel, collectif.
Et pour commencer, engranger un vrai débat démocratique sur ce qui est vraiment important à l’humanité – si tant est que nous voulions la maintenir… Enfin, est-ce que nous sommes prêts à remettre en question le travail salarié – véritable esclavage moderne dans certains cas – et créer et vivre de nos activités d’entrepreneurs (pourvu que les taxes, la TVA, les impôts baissent) plutôt que de vivre au crochet de la société par le chômage, les allocations, lorsque l’on est dans la fleur de l’âge et que l’on devrait offrir sa contribution à la société par son travail, plutôt que l’alourdir et la rendre exsangue ? En maintenant ces bénéfices pour ceux qui en ont vraiment besoin : les malades, les plus pauvres, les plus âgés ?
Et tout cela, dans le respect de nos histoires respectives, sans couper de têtes mais en offrant à chacun le défi d’un monde meilleur, à relever et à construire. Avec un peu de positivisme s’il vous plaît.
Utopie ? Je crois qu’on y est, cependant. On est devant la porte, elle s’ouvre. C’est un choix devant lequel on ne peut plus reculer.