Courbes

Puisqu’on a jamais fini de guérir ses blessures

et puisque guérir c’est chaque fois un peu mourir à soi

ici comme le ciel passionnément rejoint la terre

et l’enlace

et l’embrasse

il n’y a que ce baiser-là d’important

ce baiser d’un instant

(c) DM automne 2025

Les jours qui dansent (plain-chant)

Poésie en musique

Voici l’un de mes poèmes lu en musique, afin de créer l’ambiance que j’ai souhaitée dans mon recueil Chants d’étoiles

musique : Hildegard Von Bingen, O nobilissima viriditas

(Richard Vendome, album Angelic Voices from a medieval abbey)

Cela vous plaît ou vous indiffère ?

Laissez-moi un pouce et/ou un commentaire !

Laisser un commentaire

Illuminations

Hier soir, après l’averse, un ballet de lucioles s’est déployé sous nos yeux ébahis :

au ciel noir, marbré de bleu sombre et de gris,

vivantes comme des yeux, entre les taches de nuages,

des étoiles intermittentes faisaient leur spectacle ;

sur les talus luisants de pluie,

petites guirlandes chinoises clignotantes

qui nous faisaient des clins d’oeil, encore tout engourdis,

des vers luisants par dizaines, fourbissant leurs lampions pour éclairer la nuit !

DM (c) sept. 2025

Passage

Faut-il penser
Quand le jour efface les étoiles,
Qu’entre deux mondes il n’y a rien ?
Et si, dans le moment fugace qui les relie,
Se trouvait la réponse, l’Infini ?
Ne pas se laisser prendre aux griffes du Temps,
Piéger dans la toile de l’Espace ?
Comment raviver les mémoires du passé
Qui s’estompent
Comme les étoiles au matin ?
Mais les étoiles existent toujours
Elles ne sont qu’en attente, en sommeil,
En latence, illusion de mouvement
Elles semblent tourbillonner autour de la terre
Inconscientes de leur propre danse, volcaniques,
Patientes, elles attendent leur moment
L’heure de leur retour en gloire
Dans un ciel éberlué
Qui les accueille sur son drap
Sombre et de velours satiné
Entre ce moment-ci et celui-là
A l’heure où un monde bascule
Il y a une infinité de possibles
Un grand trou béant et immense
Plein de nos espoirs et nos larmes
Il suffit de lever le voile
Et regarder l’instant passer

à Jordan, ami parti

juin 2024

photo Jerome Avonde (fb), Côte de granit rose, mai 2024

Qui

Qui suis-je, qu’un amas de cellules, d’ions et de protons ?

Qui suis-je, que le vide qui est en moi ?

Qui suis-je, que l’énergie qui traverse ce vide en vibrillonnant ?

Se laisser traverser par tout ce qui se présente….

ONU secrète et désuète

un soir d’automne où le ciel descend

le palais des nations déserté par la foule

des fonctionnaires et des ambassadeurs

s’offrait à moi dans sa solitude poétique

après l’effervescence du jour

dehors, les drapeaux triomphants,

insolents dans l’obscurité

brûlant comme des hampes

de guerriers alignés

j’arpentai les couloirs éteints,

les salles vides

balançant mon indifférence muette

ma tendresse inutile

dans ce monde effréné

au fond du coeur, déjà, un aurevoir

le crépuscule envahissait ces salles, ces murs marbrés,

ces longs couloirs abandonnés

lentement, inexorablement

comme les ombres du temps qui passe

s’attardent sur les portes aux titres éculés

sous les luminaires semi-éteints

dans les escaliers

la salle des pas perdus aux plafonniers blafards

où se sont égarés

tant de pas pressés ou nonchalants

tant de propos futiles ou importants

envolés à jamais

le temps arrêté

dans le détail architectural

et la beauté désuette de ce bâtiment m’apparut

longueurs grandiloquentes

hauteurs arrogantes

reflet suranné des hauts sentiments

et nobles intentions

de ceux qui la conçurent

pour sauver le monde

tenter de retenir

une paix élusive

dérisoire chimère

au coeur du vingtième

et à l’aube du vingt-et-unième siècles

si destructeurs, si cyniques

belle du seigneur qui se complaît encore

dans une lassitude rêveuse,

pourchassant un idéal qui ne bat que de jour

comme un cœur à deux temps

dont le vernis s’écaille, la nuit

sous la brutalité cinglante et aveuglante

de ce qui fait tourner le monde

tout sommeille et alors

s’ouvre un monde discret

le palais, rendu à lui-même

luisait de ses splendeurs passées

et n’appartenait plus

qu’au petit peuple de la nuit

qui passe et repasse et nettoie

et cire et lave et répare

tandis que les halls déserts

résonnaient encore par échos

des bruits de pas, de voix

fantômes ardents et frivoles

qui s’agrippent et ne veulent pas mourir

ni laisser transparaître l’insouciance

derrière l’éternel recommencement

de leurs vaines préoccupations …

Cliquez sur les flèches pour visionner le diaporama :

(c) D. Marie, images 2016 texte 2024

Genève évanescente

Sur ces photos Genève

la riche la pompeuse

s’estompe

en quelques traits de lumière furtifs

au hasard des mouvements de mon poing

je me fais un doux plaisir

de la barbouiller

je m’accroche

à ces puits de lumière

sans aucune signification

floutée dans la nuit d’hiver

elle a perdu de sa superbe

le jet d’eau

n’est plus qu’une illusion

Genève n’est plus qu’un enchevêtrement

de courbes, de formes, de lignes et de lumières

évanescentes

plus que géométrie

sans nom, sans sens précis,

sans même un horizon

on devine quelques vies sous la pluie

à peine une émotion

éphémère et futile

dans le chaos du temps

la ville et son lac

ne sont plus que murmures

froissés, distants,

incohérents

Cliquez sur les flèches pour visionner le diaparama :

(c) D. Marie images 2009 texte 2024

Virevolte

Virevolte

Révolte qui sourd

grondement des vieux loups dans la forêt profonde

familière et féconde

qui nous ensemence et nous nourrit

Humus des années passées à comprendre, à grandir

Craquement sec dans la nuit épaisse

une branche enfin prête à céder sous nos pas

après des années de décomposition

la face de l’ombre

plonge son regard

en nous

fait volte-face

et libère la clarté qui dérange

Virevolte

Au goût amer des feuilles mortes

se mélangent les sucs des insectes qui grignotent

écorces, brindilles, pousses tout justes sorties

et les sables éphémères, en volutes émouvantes

se rappellent à notre conscience ensauvagée

en tempêtes

tourbillonnantes

de spirales enfumées

Lames de fond sur le gouffre de l’âme

qui cinglent tout sur leur passage

Virevolte

Tout revient tournoyer autour de nous

en longs lambeaux effilochés

à moitié digéré, à moitié consommé

tout revient nous obséder

demander son compte

travailler notre naïveté

en saccades obscures

cycles absurdes dont nous peinons à sortir

et tout tourne sans cesse

en vagues déferlantes

qui nous hypnotisent et nous hantent

Virevolte

Tout autour de nous n’est que pensées, émotions élaborées

émanant du monde subtil

Toute forme autour de nous s’estompe

des ombres se redressent et viennent réclamer leur dû

raclant le sol et rechignant à évoluer

avant de retourner en poussière

tout n’est que spirale du vivant

apparu, transformé, disparu

Virevolte

Tout autour de nous vibre et se dilue

comme des lucioles

dans l’air qui sature et étincelle

Tout n’est qu’Amour et confusion

Tout n’est que Paix et illusion

(c) DM